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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/129

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taient à 50,000 francs ; c’était 650,000 livres sur lesquelles roulaient toute la Nouvelle-France et tout son commerce. Cette somme suffisait-elle pour faire vivre une colonie de vingt à vingt-cinq mille âmes, et pour fournir à ce qu’elle était obligée de tirer de France ? Ses affaires avaient été sur un meilleur pied ; elle avait envoyé long-temps pour près d’un million de castors, sans compter qu’alors elle n’était pas si peuplée ; mais elle avait toujours tiré plus qu’elle n’était capable de payer, ce qui avait ruiné son crédit auprès des marchands, qui n’étaient plus disposés à lui envoyer des effets sans lettres-de-change, ou sans un nantissement convenable. Il avait fallu faire passer en France tout l’argent du Canada pour en tirer des marchandises ; et, dans un temps qui n’était pas éloigné, l’épuisement avait été tel, que, ne restant peut-être pas mille écus d’argent monnayé dans le pays, on avait été forcé d’y suppléer par une monnaie de carte.

Après cette exposition, qui représentait l’état de la colonie jusqu’en 1708, l’intendant offrait divers moyens de la rendre florissante. Elle pouvait faire un commerce de ses denrées, qui était seul capable de l’enrichir : c’étaient les viandes salées, les mâts, les planches, les cordages, le bois de construction, le merrain, le goudron, le brai, les huiles de baleine, de phoque et de marsouin, les morues, le lin, le chanvre, le fer et le cuivre. Il n’était question que d’ouvrir des débouchés, et de