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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/130

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faire diminuer le prix de la main-d’œuvre. Cette dernière difficulté venait de la fainéantise des habitans et de la cherté des marchandises de France. Lorsqu’il y avait moins d’ouvrage, l’ouvrier voulait gagner beaucoup plus. D’un autre côté, les marchandises étaient au double, en Canada, de la valeur qu’elles avaient en France : si l’on en demandait la raison, c’était que les assurances de vingt-cinq pour cent, du moins en temps de guerre, les frais de commission, le fret qui allait quelquefois à plus de 40 écus par tonneau, l’avance de l’argent, les demeures qu’il fallait payer aux commissionnaires, et qui devenaient fortes quand les lettres-de-change n’étaient pas payées au terme, enfin le change sur Paris, laissaient peu de profit aux marchands. Aussi ajoutait-on qu’il n’y en avait point de riches dans le pays. Il fallait donc, pour relever la colonie du Canada, que chacun y fût occupé suivant ses talens, et que la diminution du prix des marchandises y mît tout le monde en état de subsister. Le moyen d’y parvenir serait de trouver quelque lieu où l’on pût transporter commodément les denrées du pays, et prendre les marchandises de France ; on épargnerait ainsi une partie du fret, et cette partie des habitans qui croupissait dans l’oisiveté ou qui courait les bois pourrait s’occuper de la navigation. Mais ce moyen ne deviendrait-il pas nuisible à la France en lui ôtant une partie du profit qu’elle faisait sur les marchandises ?