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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/131

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Non, parce que l’épargne du fret tournerait aussitôt à l’avantage de la France par une plus grande consommation de ses marchandises. Ceux, par exemple, que l’oisiveté réduisait à se couvrir de peaux de chevreuils seraient en état, lorsqu’ils commenceraient à s’occuper, de se vêtir d’étoffes de France.

Quel lieu plus commode pour ce dessein, que l’île du cap Breton ? Elle est dans une situation qui forme un entrepôt naturel entre l’ancienne et la Nouvelle-France. Elle pouvait fournir à la première, des morues, des huiles, du charbon de terre, du plâtre, des bois de construction, etc. etc. ; fournir à la seconde des marchandises du royaume à meilleur marché, en tirer une partie de sa subsistance, et lui épargner une partie considérable du fret. La navigation de Québec au cap Breton transformerait en bons matelots des gens inutiles ou même à charge à la colonie. Un autre avantage de cet établissement, pour le Canada, serait d’y envoyer de petits bâtimens pour la pêche des morues et d’autres poissons, dont on tire l’huile au bas du fleuve : ils seraient toujours sûrs de débiter leurs cargaisons dans l’île et d’y charger des marchandises de France. On pourrait y envoyer aussi de Québec un vaisseau chargé des denrées du pays, qui prendrait du sel pour la pêche du golfe, et qui, retournant dans l’île où il vendrait sa charge de poisson, achèterait, du produit de ces deux voyages, des marchandises de France pour