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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/141

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ment vers la fin de novembre, dure jusqu’en mai ou en juin. En 1745, elle commença dès les premiers jours d’octobre.

Louisbourg, seule ville de l’Île Royale, est peuplée de familles françaises, les unes européennes, les autres créoles de l’île même ou de Terre-Neuve, d’où elles passèrent à Louisbourg après le traité d’Utrecht. Son seul commerce, avant l’invasion des Anglais, était la pêche des morues, dont Ulloa vante l’abondance, et que leur délicatesse fait préférer, dit-il, à celles de Terre-Neuve. La ville avait des particuliers fort aisés, dont les richesses consistaient en magasins de morue, et dans des barques qu’ils entretenaient pour cette pêche. Quelques-uns en avaient jusqu’à cinquante, montées chacune de trois ou quatre hommes qui recevaient un paiement réglé pour fournir chaque jour une certaine quantité de morue. Les magasins s’en trouvaient remplis au retour de la belle saison ; et l’on voyait arriver alors des vaisseaux de tous les ports de France, chargés de toutes sortes de denrées et de marchandises qu’ils troquaient pour de la morue, dont ils faisaient leur charge en retournant. Les vaisseaux des colonies françaises de Saint-Domingue et de la Martinique y apportaient du sucre, du tabac, du café, du tafia, du miel, etc., et s’en retournaient chargés de morue. Ce que Louisbourg recevait de trop en marchandises passait au Canada, où ceux qui exerçaient ce commerce prenaient des cas-