Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tors et d’autres pelleteries en échange. Ainsi Louisbourg, sans autre denrée que la morue, était en commerce avec l’Europe et l’Amérique.

Outre les habitans de Louisbourg, d’autres Français, répandus dans les îles voisines, surtout dans celle de Saint-Jean, y avaient leurs cases, leurs magasins, et tout ce qui était nécessaire à la pêche. « Ce commerce, observe Ulloa, suffisant pour les enrichir, il y en avait peu qui s’occupassent de la culture des terres. D’ailleurs l’hiver du pays est fort long. La terre, long-temps couverte de trois ou quatre pieds de neige, qui ne fond qu’en été, n’est guère propre à la culture, et l’est moins encore à nourrir des bestiaux. On est obligé de les renfermer à l’arrivée de l’hiver, pour les nourrir de foin jusqu’à la belle saison. À la vérité, les neiges et les glaces ont à peine disparu, que l’abondance renaît dans les champs ; et la promptitude avec laquelle on voit croître les herbes et les fruits console bientôt les habitans de la longueur de l’hiver. »

L’Île Royale et les îles voisines ont aussi des habitans naturels. « Ces Indiens, dit Ulloa, auxquels les Français donnent le nom de sauvages, sont plus grands et mieux faits que ceux du Pérou ; mais ils n’en sont point différens par la couleur, et leur ressemblent beaucoup par les mœurs. Ils ne sont ni tout-à-fait soumis à la France, ni tout-à-fait indépendans. S’ils reconnaissent le roi pour souverain, c’est