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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/143

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sans admettre ses ordonnances pour leur gouvernement particulier, et sans rien changer à leurs usages. Ils ne lui paient même aucun tribut. Au contraire, ce monarque leur envoie tous les ans une certaine quantité d’habits, de poudre et de fusils pour leurs chasses, d’eau-de-vie et d’outils, dans la seule vue de se les attacher. C’est une conduite fort sage, que la France tient aussi avec les sauvages du Canada. Elle leur envoie d’ailleurs des missionnaires pour les instruire ; et ces peuples grossiers, mais capables de reconnaissance, aiment et respectent comme leurs pères ceux dont ils ont reçu le baptême et les lumières de la religion. Il n’y avait dans l’Île Royale, en 1745, qu’un missionnaire, nommé l’abbé Mallard, qui suffisait pour les Indiens de cette île. Ces sauvages, quoique chrétiens et réunis, peuvent passer pour errans, parce qu’il est rare qu’ils s’arrêtent long-temps dans un même lieu. Leurs cabanes sont bâties fort légèrement, comme s’ils ne comptaient jamais y faire un long séjour. Leur premier soin, en arrivant sur le terrain où ils veulent se loger, est de construire la chapelle et l’habitation de leur pasteur. Ensuite chacun bâtit sa propre maison. Ils y passent deux ou trois mois, quelquefois cinq, six, ou davantage, suivant la facilité qu’ils y trouvent pour la chasse. Si le gibier commence à manquer, ils lèvent le camp, ils cherchent un autre lieu qui leur convienne, et leur curé les suit. Cependant plusieurs se