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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/144

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rendent volontairement aux établissemens européens, s’engagent à servir pour un temps, et rejoignent leur troupe à la fin du terme. Les autres viennent vendre aux Français les peaux des bêtes qu’ils ont tuées dans leurs chasses.

Ulloa, qui se trouvait à Louisbourg en 1745, applaudit à cette conduite, et juge que les Français n’auraient jamais perdu l’île, s’ils n’en eussent perdu la forteresse. Il ajoute que « jamais Louisbourg n’eût été pris, si, dans une autre conjoncture critique, il n’eût pas manqué des munitions les plus nécessaires, s’il eût été secouru, ou si l’opinion qu’il était imprenable n’eût fait négliger toutes sortes de précautions. La France, à la vérité, ne manquait point d’y envoyer tous les ans un convoi d’argent et de vivres pour la subsistance et la paie de la garnison. Le soin des fortifications n’était pas plus oublié. On y faisait travailler les soldats qui n’étaient point occupés à la garde des postes ; et leur ardeur se relâchait d’autant moins, qu’ils voyaient leur sûreté comme attachée au bon état de la place. Mais l’avarice de ceux qui étaient chargés du paiement, leur en faisait retenir une partie, et les officiers se rendaient coupables de la même injustice à l’égard du prêt. Ce désordre n’était pas nouveau en 1745 : il avait déjà fait naître des plaintes ; et le gouverneur de la place, étant mort l’hiver précédent, cette perte avait tellement augmenté la confusion, que les troupes s’étaient deux fois soulevées. Quelque soin qu’on eût apporté à