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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/158

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peuplées. Des deux canaux qui forment l’île d’Orléans, le seul navigable est celui du sud. Les chaloupes mêmes ne peuvent passer dans celui du nord qu’en haute marée ; ainsi, du cap Tourmente, il faut traverser le fleuve pour remonter à Québec, et cette traverse demande des précautions. On y rencontre des sables mouvans, sur lesquels il n’y a pas toujours assez d’eau pour les gros navires, et qui obligent d’attendre la marée : c’est un embarras qu’on éviterait encore en prenant par la passe d’Iberville.

Le cap Tourmente est à cent dix lieues de la mer, et l’eau du fleuve est encore saumâtre ; phénomène assez étrange, malgré la largeur du fleuve, si l’on considère son extrême rapidité.

Enfin le lundi, 23 septembre, le Chameau mouilla devant Québec. C’est du même voyageur que nous en devons tirer la description ; car il déclare que toutes celles qui ont précédé la sienne sont imparfaites ou défectueuses. Ainsi, notre exactitude ne consiste ici qu’à n’y rien changer.

Québec est dans une situation fort singulière, à 46° 56′ nord. C’est la seule ville du monde connu qui ait un port d’eau douce, à cent vingt lieues de la mer, et capable de contenir cent vaisseaux de ligne. Aussi est-elle placée sur le fleuve le plus navigable de l’univers. Jusqu’à l’île d’Orléans, c’est-à-dire à cent dix ou cent douze lieues de la mer, il n’a