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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/185

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paraît fort unie. La Hontan y ajoute un torrent qui vient de l’ouest ; peut-être n’était-ce que des eaux sauvages, qui venaient se décharger par quelque ravine pendant la fonte des neiges. On juge aisément qu’au-dessous de cette chute la rivière se ressent long-temps d’une si violente secousse ; aussi n’est-elle navigable que trois lieues après, et précisément devant le lieu où M. de Joncaire avait son habitation. Elle ne devrait pas être moins impraticable au-dessus, puisque le fleuve y tombe perpendiculairement dans toute sa largeur ; mais, outre l’île qui la divise en deux, plusieurs écueils ralentissent beaucoup la rapidité du courant : il est néanmoins si fort, qu’on ne peut traverser à l’île. On avait dit à l’observateur que les poissons qui s’y trouvaient engagés tombaient morts dans la rivière ; mais il ne vit rien d’approchant. On lui avait même assuré que les oiseaux qui volent par-dessus se trouvaient quelquefois enveloppés dans le tourbillon que la violence du rapide forme en l’air ; cependant il vit de petits oiseaux voltiger assez bas, droit au-dessus de la chute.

C’est sur un roc que cette grande nappe d’eau est reçue ; et deux raisons portent à croire qu’elle y a trouvé ou creusé, peut-être avec le temps, une caverne de quelque profondeur. Premièrement, le bruit y est fort sourd, et semblable à celui du tonnerre éloigné. À peine se fait-il entendre à la distance de l’habitation française ; et ce qu’on y entend n’est peut-être