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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/194

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un seul village. On vante la beauté de leur taille ; et l’on prétend qu’avec la langue des Nokais et des Sauteurs, qui les fait croire de la même origine, ils ont un langage particulier dont ils ne communiquent la connaissance à personne. Un peu au-dessous de la petite île, le pays change tout d’un coup de face et devient charmant : il a même quelque chose de plus agréable que le détroit ; mais quoiqu’il soit couvert de beaux arbres, il paraît plus sablonneux et moins fertile. Les Otchagras, qu’on a nommés les Puans, habitaient autrefois les bords de la baie. On raconte qu’en ayant été chasses par les Illinois, ils se réfugièrent dans la rivière des Outagamis, qui se décharge au fond, et s’y placèrent près d’un lieu si poissonneux, qu’on ne voyait autour de leurs cabanes que des poissons pouris, dont l’air était infecté : c’est l’origine qu’on donne à leur nom. Les Français ont dans la baie un assez bon fort, situé sur la rive occidentale de la rivière des Outagamis, a douze lieues de son embouchure. On voit sur la droite, un village de Sakis ; et les Otchagras sont venus depuis peu s’établir autour du fort. Leur langue n’a point de rapport à celles des autres nations du Canada : aussi n’ont-ils guère de commerce qu’avec les peuples occidentaux. L’observateur fut surpris de se voir présenter par les Otchagras un pistolet catalan et une paire de souliers espagnols, avec une drogue qui lui parut une espèce d’onguent. Ils tenaient ces dépouilles d’un