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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/195

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Aïoués, et leur récit expliqua comment elles étaient tombées entre ses mains. Il y avait environ deux ans que des Espagnols venus, dirent-ils, du Nouveau Mexique, dans le dessein de pénétrer jusqu’aux Illinois et d’en chasser les Français, qu’ils étaient fâchés de voir s’approcher du Missouri, avaient descendu ce fleuve, et s’étaient jetés sur deux villages d’Octotatas, peuple ami des Aïoués. Ces sauvages, qui étaient encore sans armes à feu, n’avaient pu faire beaucoup de résistance ; mais un troisième village de la même nation, qui n’était pas éloigné des deux autres, averti par leur malheur de ce qu’il avait à craindre pour lui-même, dressa une embuscade aux vainqueurs : ils eurent l’imprudence d’y donner, et la plupart furent massacrés. Ils avaient entre eux deux prêtres, dont l’un fut tué dans l’action, et l’autre, demeuré prisonnier, se sauva fort adroitement. Son cheval, qu’il maniait avec grâce, lui avait fait obtenir la vie. Un jour que les sauvages prenaient plaisir à le voir caracoler, il s’éloigna insensiblement, et bientôt il disparut : c’était apparemment un reste de son bagage, ou la dépouille de quelqu’un des morts, qui était passé chez les Otchagras. L’observateur, comparant ce qu’il apprit de ces Américains avec d’autres récits, se persuade volontiers qu’il y a, dans le continent, des Espagnols ou d’autres colonies européennes beaucoup plus au nord que ce que nous connaissons du Nouveau Mexique et de la