Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il suffit de remarquer ici que la Rivière-Noire étant à la même hauteur que la Corée, d’où l’on tire le ginseng pour l’empereur de la Chine, la conformité du climat est un grand préjugé en faveur de celui de la Nouvelle France. Sur la rivière de Saint-Joseph on voit plusieurs arbres singuliers, et les campagnes qui environnent le fort sont si couvertes de sassafras, que l’air en est parfumé ; mais ce n’est point un grand arbre, tel qu’on l’a représenté à la Caroline ; c’est un arbrisseau presque rampant.

L’observateur s’était proposé non-seulement d’aller jusqu’aux Illinois, mais encore de descendre le grand fleuve de Mississipi jusqu’à la Nouvelle Orléans. Suivons-le dans cette belle route, qui faisait le lien des deux colonies françaises. Du fort de Saint-Joseph il avait à choisir entre deux chemins : l’un, de retourner au lac Michigan, d’en côtoyer toute la côte méridionale, et d’entrer dans la petite rivière de Chicagou, d’où Ion passe, après l’avoir remontée cinq ou six lieues, dans celle des Illinois par deux portages, dont le plus long n’a que cinq quarts de lieue. Mais dans la saison où l’on était, le Chicagou n’ayant point assez d’eau pour les canots, il fallut se déterminer pour la seconde route, qui est moins agréable, mais plus sûre. Il partit de Saint-Joseph le 16 septembre, en remontant la rivière de ce nom. Six lieues au-dessus du fort, on le fit débarquer sur la rive droite. Il marcha l’espace de cinq quarts de lieue, d’abord en côtoyant la rivière, en-