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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/225

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se chauffer au feu du soleil. Les tisons jettent une fumée qui aveugle les spectateurs. Pour ornemens, on ne voit, dans tout l’espace du temple, que trois ou quatre caisses qui contiennent des ossemens secs, et par terre, que quelques têtes de bois un peu moins grossièrement travaillées que les aigles du dehors. Vis-à-vis de la porte, une table de trois pieds de haut, cinq de long et quatre de large, sert d’autel. L’observateur n’ayant rien découvert de plus, rejette tout ce qu’on lit dans les premières relations, à moins, dit-il, que les Natchés, alarmés du voisinage des Français, n’aient dépouillé leur temple de ce qu’il avait de plus sacré pour leur nation. Il convient d’ailleurs que la plupart des Américains de la Louisiane avaient autrefois leur temple comme les Natchés ; qu’ils y entretenaient un feu perpétuel, et que les Maubiliens jouissaient même d’une sorte de primatie qui obligeait chaque nation d’y venir rallumer le sien, lorsque, par négligence ou par malheur, il s’était éteint. Mais, dit-il, le temple des Natchés est aujourd’hui le seul qui subsiste ; et, quoique nu, malpropre, en désordre, il est en vénération parmi tous les sauvages de ce continent. Au reste, la diminution de ces peuples est aussi considérable que celle des nations du Canada. Elle a même été plus prompte, sans qu’on en connaisse la vraie raison : des nations entières ont disparu, et celles qui subsistent encore ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles étaient au temps de la découverte.