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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/250

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épreuve. Le P. Charlevoix convient qu’ils s’exposent le moins qu’ils peuvent, parce qu’ils ont mis leur gloire, dit-il, à n’acheter jamais la victoire trop cher, et que, leurs nations étant peu nombreuses, ils ont pour maxime de ne pas s’affaiblir ; mais ils se battent en lions, et la vue de leur sang ne fait que les animer.

Ce qui cause beaucoup d’étonnement dans une race d’hommes dont l’extérieur n’annonce que de la barbarie, c’est de leur voir entre eux une douceur et des égards qu’on ne trouve point dans le peuple des nations les plus civilisées. On n’admire pas moins la gravité naturelle et sans faste qui règne dans leurs manières, dans leurs actions, et jusque dans la plupart de leurs amusemens ; les déférences pour leurs égaux, et le respect des jennes gens pour les vieillards. Rien n’est si rare que de voir naître entre eux des querelles ; et jamais elles ne sont accompagnées d’expressions indécentes, ni de ces juremens si-familiers en Europe. Un de leurs principes, celui même dont ils sont le plus jaloux, est qu’un homme ne doit rien à un autre homme ; et de cette maxime ils concluent qu’il ne faut pas faire tort à ceux dont on n’a pas reçu d’offense. Malheureusement ce principe ne s’étend qu’à leur nation, et ne les empêche point d’attaquer des peuples dont ils n’ont à faire aucune plainte, ou de pousser trop loin la vengeance.

Ces hommes, qui nous paraissent si méprisables au premier coup d’œil, sont les plus mé-