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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/252

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une fois unis à leur manière doivent tout entreprendre et tout risquer pour s’aider et se secourir mutuellement ; la mort même, dans leurs idées, ne les sépare que pour un temps ; ils comptent se rejoindre dans un autre monde, pour ne se plus quitter, et sont persuadés qu’ils auront toujours besoin l’un de l’autre. Un sauvage menacé de l’enfer par un missionnaire lui demanda s’il croyait que son ami, mort depuis peu, fût dans ce lieu de supplices : le missionnaire répondit qu’il espérait que le ciel lui aurait fait grâce. Je veux donc aller au ciel, reprit le sauvage ; et ce motif l’engagea à mener une vie chrétienne. On assure même que, lorsqu’ils sont en différens lieux, ils s’invoquent mutuellement ; ce qui doit être entendu, comme on le verra bientôt, des génies tutélaires qu’ils s’attribuent. Quelques-uns prétendent qu’il se glisse un odieux désordre dans ces associations, comme autrefois dans celles des Grecs ; mais on ne le croit pas en général.

Le P. Lafitau condamne ceux qui ont prétendu que la couleur des peuples de l’Amérique septentrionale faisait une troisième espèce entre les blancs et les noirs. « Ils sont, dit-il, fort basanés, et d’un rouge sale fort obscur ; ce qui est plus sensible encore dans la Floride, dont la Louisiane fait partie ; mais cette couleur n’est rien moins que naturelle ; elle vient des fréquentes frictions dont ils font usage ; et l’on devrait même s’étonner qu’étant sans cesse exposés à la fumée en hiver, aux plus grandes