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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/254

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aient aussi l’usage de la faire cuire ou sécher au soleil : il n’y en a point qui remplissent mieux la première idée qu’on s’est formée des sauvages en Europe. On a déjà remarqué que c’est presque le seul peuple de l’Amérique qui ait de la barbe : les Esquimaux en ont jusqu’aux yeux, et si épaisse qu’on a peine à découvrir quelques traits de leur visage. Ils ont d’ailleurs quelque chose d’affreux dans l’air, de petits yeux effarés, des dents larges et fort sales, les cheveux ordinairement noirs, quelquefois blonds, et tout l’extérieur fort brut ; leurs mœurs et leur caractère ne démentent point cette physionomie. Le peu de ressemblance et de commerce qu’ils ont avec leurs plus proches voisins ne laisse aucun doute qu’ils n’aient une origine différente de celle des autres Américains ; et le père Charlevoix ne la cherche pas plus loin qu’au Groënland. On connaît peu les autres peuples qui sont aux environs et au-dessus de la baie d’Hudson. Dans la partie méridionale de cette baie, le commerce se fait avec les Mistassins, les Monsonis, les Cristinaux et les Assiniboils ; ces derniers y viennent de fort loin, puisqu’ils habitent les bords d’un lac qui est au nord ou au nord-ouest des Sioux, et que leur langue est un dialecte de celle de la même nation. Les trois autres sont de la langue algonquine : les Cristinaux ou Killistinous viennent du nord du lac Supérieur ; mais les sauvages des rivières de Bourbon et de Sainte-Thérèse n’ont aucune ressemblance de langage avec les