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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/267

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la richesse et la variété de ces langues font trouver beaucoup de difficulté à les apprendre.

Mais on ajoute que la disette et la stérilité où elles sont par rapport à une quantité de choses et d’idées inconnues à ces peuples ne causent pas un moindre embarras. À l’arrivée des Français, les peuples du pays ignoraient toutes les choses dont ils n’avaient pas l’usage, ou qui ne tombaient pas sous leurs sens ; ils manquaient de termes pour les exprimer, ou, supposé qu’ils en eussent eu dans leur origine, ils les avaient laissé tomber dans l’oubli. Comme ils n’avaient pas de culte réglé, que leurs idées de religion étaient fort confuses, qu’ils ne s’occupaient que d’objets sensibles, et que, n’ayant point d’arts, de sciences ni de lois, ils ne pouvaient être accoutumés à discourir de mille objets dont ils n’avaient aucune connaissance, on trouva un étrange vide dans leurs langues. Il fallut, pour se rendre intelligible, employer des circonlocutions embarrassantes pour eux et pour ceux qui voulaient les instruire. Ainsi, après avoir commencé par apprendre leur langage, on fut obligé d’en former un autre, composé en partie de leurs propres termes, en partie des nôtres, qu’on s’efforça de travestir en huron ou en algonquin, pour leur en faciliter la prononciation. Quant aux caractères, ils n’en avaient point, et on verra qu’ils y suppléaient par des espèces d’hiéroglyphes. Rien ne parut leur causer tant d’étonnement que de