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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/279

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ordre ; mais ils ne peuvent rien conclure d’intéressant pour la nation ou la bourgade. En un mot, c’est le conseil des anciens qui juge en dernière instance.

Chaque tribu a son orateur dans chaque bourgade ; et ces orateurs, les seuls qui aient droit de parler dans les conseils publics et dans les assemblées générales, parlent toujours bien. Outre cette éloquence naturelle, que toutes les relations leur accordent, ils ont une connaissance admirable des intérêts de ceux qui les emploient, avec une merveilleuse habileté à les faire valoir. Dans quelques occasions, les femmes ont un orateur qui parle en leur nom. Il est surprenant que ces peuples, ne possédant presque rien, et n’ayant point l’ambition de s’étendre, puissent avoir ensemble quelque chose à démêler ; cependant on assure qu’ils négocient sans cesse. Ce sont des traités à conclure ou à renouveler, des offres de service, des civilités réciproques, des alliances qu’on ménage, des invitations à la guerre, ou des complimens sur la mort d’un chef. Toutes ces affaires se traitent avec une dignité, une attention, et l’on ajoute même avec une capacité digne des plus grands objets. Souvent les députés ont des instructions secrètes ; et le motif apparent de leur commission n’est qu’un voile qui en cache de plus sérieux.

La nation du Canada qui semble y tenir le premier rang depuis deux siècles est l’iroquoise. Ses succès militaires lui ont donné sur