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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/280

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la plupart des autres une supériorité qu’elles ne sont plus en état de lui disputer ; mais rien n’a plus contribué à la rendre formidable que l’avantage de sa situation. Comme elle se trouvait placée entre les établissemens de la France et de l’Angleterre, elle a compris, dès leur origine, que les deux colonies seraient intéressées à la ménager ; et jugeant aussi que, si l’une des deux prévalait sur l’autre, elle en serait bientôt opprimée, elle a trouvé fort long-temps l’art de balancer leurs succès. S’il est vrai, comme le P. Charlevoix l’assure, que toutes ses forces réunies n’ont jamais monté qu’à cinq ou six mille combattans, de quelle habileté n’a-t-elle pas eu besoin pour y suppléer !

Dans l’intérieur des bourgades les affaires des sauvages se réduisent presqu’à rien, et ne sont jamais difficiles à terminer. Il ne paraît pas même qu’elles attirent l’attention des chefs ; les conciliateurs sont ordinairement des amis communs, ou les plus proches. Ceux qui jouissent de quelque crédit dans une nation ne sont occupés que du public. Une seule affaire, quelque légère qu’elle soit, est long-temps en délibération. Tout se traite avec beaucoup de flegme et de lenteur, et rien ne se décide qu’après avoir entendu tous ceux qui veulent y prendre part. Si l’on a fait un présent à quelque ancien pour obtenir son suffrage, on en est sûr lorsque le présent est accepté : jamais un sauvage ne viole un engagement de cette