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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/36

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couverte de ce pays fût aussi ancienne que celle de la Virginie, il était demeuré presque désert jusqu’en l’année 1680, où le goût de la liberté porta de nouveaux sectaires à s’y établir. On ne remontera point ici à la naissance du quakérisme ; cette étrange secte avait déjà fait connaître ses bizarres principes lorsqu’elle chercha un asile en Amérique ; mais il faut dire un mot du chef de cette fameuse transmigration.

Il était fils du chevalier Guillaume Penn, qui avait commandé une escadre sous le gouvernement de Cromwell, et qui, malgré son éloignement pour l’église anglicane, avait fait sa paix avec la maison royale lorsqu’il l’avait vue remonter sur le trône. Ainsi le jeune Penn avait comme sucé en naissant l’esprit d’indépendance ; et, loin d’être ébranlé par l’exemple de son père, il ne trouva dans les ordonnances de Charles ii que de nouveaux motifs pour se révolter contre la forme établie. Ce prince ayant voulu, dès le commencement de son règne, que le service ecclésiastique se fît en surplis, suivant l’usage des anciens temps, Penn, qui étudiait à l’université d’Oxford, prit cette occasion pour lever le masque. Secondé de lord Spencer son compagnon d’études, qui devint ensuite un politique célèbre sous le nom de comte de Sunderland, il insulta les premiers ecclésiastiques qui parurent en surplis. Au bruit de cette aventure, il fut rappelé à Londres par sa famille, et forcé de passer en