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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/379

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au travail et qu’elles en reviennent. Le deuil des mères a le même terme pour leurs enfans ; les chefs ne l’observent que six mois pour leurs femmes, et peuvent ensuite se remarier ; enfin le premier et souvent le seul compliment qu’on fasse aux amis, et même aux étrangers qu’on reçoit dans sa cabane, est de pleurer les proches qu’ils ont perdus ; on leur met la main sur la tête, en leur faisant comprendre qui l’on pleure, mais sans le nommer.

La fête des morts, qu’on nomme aussi le festin des âmes, est une partie fort remarquable de la religion des sauvages. On commence par fixer le lieu de l’assemblée ; ensuite on choisit un chef de la fête, dont le devoir est de régler toutes les cérémonies, et de faire les invitations aux villages voisins. Au jour marqué, tous les sauvages s’assemblent et vont deux à deux en procession au cimetière : là, chacun s’emploie d’abord à découvrir les cadavres, ensuite on demeure quelque temps à considérer en silence un si lugubre spectacle ; les femmes sont les premières qui interrompent ce religieux silence par des cris lamentables.

Le second acte consiste à prendre les cadavres, c’est-à-dire à ramasser leurs ossemens secs et décharnés, qu’on met en monceaux ; et ceux qui sont nommés pour les porter les chargent sur leurs épaules. S’il se trouve des corps qui ne soient pas tout-à-fait pouris, on les lave, on en détache les chairs corrompues et toutes les ordures, et l’on travaille à les enve-