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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/380

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lopper dans des robes neuves de castors ; ensuite on retourne à la bourgade dans le même ordre, et chacun dépose dans sa cabane le fardeau dont il était chargé. Pendant la marche, les femmes continuent leurs gémissemens et les hommes donnent les mêmes marques de douleur qu’au jour de la mort. Cet acte est suivi d’un festin dans chaque cabane à l’honneur des morts de la famille. Les jours suivans, il s’en fait de publics, accompagnés, comme le jour de l’enterrement, des danses, des jeux et des combats ordinaires pour lesquels il y a des prix proposés. On jette par intervalles des cris perçans, qui s’appellent les cris des âmes ; on fait des présens aux étrangers, parmi lesquels il s’en trouve qui sont quelquefois venus de fort loin, et l’on en reçoit d’eux ; on profite même de ces occasions pour traiter des affaires communes, ou pour procéder à l’élection d’un chef. Tout se passe avec beaucoup d’ordre et de modestie, et jusqu’aux danseurs, tout semble respirer quelque chose de lugubre. Quelques jours après, on se rend, par une troisième procession, dans une grande salle dressée pour cette nouvelle cérémonie ; on y suspend aux murs les ossemens et les cadavres dans le même état qu’on les a tirés du cimetière, et l’on y établit les présens destinés aux morts. Si parmi ces tristes restes il se trouve ceux d’un chef, son successeur donne un grand repas en son nom, et chante sa chanson. Dans plusieurs endroits, les corps sont promenés d’une bourgades l’autre, et sont re-