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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/381

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çus dans chacune avec de vives démonstrations de douleur et de tendresse : toutes ces marches se font au son des instrumens, accompagnés des plus belles voix, et chacun y marche en cadence ; enfin les restes des morts sont portés dans la sépulture où ils doivent être déposés pour toujours : c’est une grande fosse qu’on tapisse des plus belles pelleteries et de ce qu’il y a de plus précieux dans chaque famille. Les présens y sont placés à part. À mesure que la procession arrive, chaque famille se range sur des échafauds dressés autour de la fosse ; et lorsque les corps sont déposés, les femmes recommencent leurs pleurs et leurs cris ; ensuite tous les assistans descendent dans la fosse : chacun y prend un peu de terre, qui se conserve précieusement. Les corps et les ossemens sont placés par ordre, couverts de fourrures neuves, et par-dessus d’écorces, sur lesquelles on jette du bois, des pierres et de la terre. Enfin toute l’assemblée se retire ; mais, pendant quelques jours, les femmes reviennent verser de la sagamité dans le même lieu.

On a déjà vu que les peuples plus méridionaux ont une méthode particulière pour conserver les corps de leurs chefs : ils fendent la peau le long du dos et l’arrachent entièrement ; ensuite ils décharnent les os sans offenser les nerfs et les jointures. Après avoir fait un peu sécher les os au soleil, ils les remettent dans la peau, qu’ils ont eu soin de tenir humide avec un peu d’huile : les vides sont rem-