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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/382

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plis de sable ; ensuite la peau est recousue avec tant d’adresse, qu’il ne paraît pas qu’on en ait ôté la chair. On porte le cadavre, qu’on croirait alors entier, dans la tombe commune des personnes de ce rang ; on l’étend à côté de ses prédécesseurs, sur une grande table nattée, qui s’élève un peu au-dessus du sol, où il est couvert d’une natte comme les autres, pour le garantir de la poussière. La chair qu’on a tirée du corps est exposée au soleil sur une claie ; et lorsqu’elle est tout-à-fait sèche, on l’enferme dans un panier bien cousu qu’on met aux pieds du cadavre.

Après avoir parlé si souvent des danses sauvages, on doit au lecteur la description des plus célèbres. Le P. Charlevoix en rapporte deux dont il fut témoin ; mais il avoue qu’elles varient beaucoup dans les différentes nations. Celle qu’il vit chez les Othagras était la fameuse danse du calumet ; c’est proprement une fête militaire dont les seuls guerriers sont les acteurs. « Tous ceux, dit le judicieux voyageur, que je vis danser, chanter et jouer du tambour ou du chickikoué, étaient des jeunes gens équipés comme ils le sont en se mettant en marche pour la guerre ; ils s’étaient peint le visage de toutes sortes de couleurs ; leurs têtes étaient ornées de plumes, et chacun en tenait quelques-unes à la main : le calumet même en était paré et placé dans le lieu le plus apparent ; l’orchestre et les danseurs formaient un cercle à l’entour, tandis que les spec-