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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/392

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mais il ne serait pas aisé d’expliquer les circonstances de la chasse aux castors, si l’on ne commençait par donner quelque idée de leur domicile, et de la manière dont ils sont établis. Tout le monde sait que les castors sont des amphibies qui vivent comme en société. On en trouve quelquefois ensemble jusqu’à trois ou quatre cents, qui forment une espèce de bourgade. Ils savent choisir un lieu qui leur convienne, c’est-à-dire où les vivres soient en abondance, surtout l’eau ; et, s’ils ne trouvent point de lac ou d’étang, ils y suppléent en arrêtant le cours d’un ruisseau ou d’une petite rivière par une digue qu’ils construisent avec une admirable industrie. Leur premier soin est d’aller couper des arbres au-dessus du lieu qu’ils ont choisi pour bâtir. Trois ou quatre castors attaquent un gros arbre, et parviennent à l’abattre avec leurs dents : leurs mesures sont prises avec tant de justesse, que, pour s’épargner un peu plus de peine à le voiturer après l’avoir mis en pièces, ils savent toujours le faire tomber du côté de l’eau ; il ne leur resté ensuite qu’à rouler ces pièces vers l’endroit où elles doivent être placées. Elles sont plus ou moins grosses, plus ou moins longues, suivant la nature et la situation du lieu ; car l’instinct de ces architectes s’étend à tout. Quelquefois ils emploient de gros troncs d’arbres qu’ils portent à plat ; quelquefois les pieux dont ils composent leur digue n’ont que la grosseur de la cuisse, ou sont même plus me-