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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/393

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nus : mais alors ils sont soutenus de bons piquets, et entrelacés de petites branches ; et de toutes parts les vides sont remplis d’une terre grasse, si bien appliquée, qu’il n’y passe pas une goutte d’eau. C’est avec leurs pates que les castors préparent cette terre ; et leur queue ne leur sert pas seulement de truelle pour maçonner, mais encore d’auge pour voiturer ce mortier : ce qu’ils font en se traînant sur leurs pates de derrière. Lorsqu’ils sont arrivés au bord de l’eau, ils le prennent avec les dents ; et, pour l’employer, ils se servent alternativement de leurs pates et de leur queue. Les fondemens de ces digues ont ordinairement dix à douze pieds d’épaisseur, et vont en diminuant jusqu’à deux ou trois : on admire l’exactitude avec laquelle toutes les proportions y sont gardées. Le côté du courant d’eau est toujours en talus, et l’autre côté parfaitement à plomb. Nos meilleurs ouvriers ne feraient, dit-on, rien de plus solide ni de plus régulier.

Le même art est observé dans la construction des cabanes : elles sont ordinairement construites sur pilotis, au milieu des petits lacs que les digues ont formés, quelquefois sur le bord d’une rivière, ou à l’extrémité d’une pointe qui s’avance dans l’eau. Leur figure est ronde ou ovale ; elles sont voûtées en anse de panier, et les parois ont deux pieds d’épaisseur. Les matériaux ne sont pas différens de ceux des digues ; mais ils sont moins gros, et l’enduit intérieur de terre glaise n’y laisse pas entrer le