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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/426

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eussent vu des boutiques de rôtisseurs, qui leur plurent beaucoup, parce qu’ils les trouvaient toujours garnies de toutes sortes de viandes. Au reste, on ne doit pas dire que, s’ils sont enchantés de leur vie grossière, c’est qu’ils ne connaissent point les agrémens de la nôtre. Quantité de Français ont vécu comme eux, et s’en sont si bien trouvés, que plusieurs, quoique fort à leur aise dans la colonie, n’ont pu prendre le parti d’y retourner, tandis qu’au contraire on n’a pas l’exemple d’un seul sauvage qui ait pu se faire à notre manière de vivre. Les missionnaires rendent témoignage qu’on a pris des enfans sauvages au berceau, qu’on les a fait élever avec beaucoup de soin, qu’on n’a rien épargné pour leur dérober la connaissance des usages de leurs pères, et que toutes ces précautions ont été sans fruit. La force du sang l’a toujours emporté sur l’éducation. À peine se sont-ils vus en liberté, qu’ils ont mis leurs habits en pièces, et qu’ils sont allés au travers des bois chercher leur nation, dont ils ont préféré le genre de vie à celle qu’ils avaient menée parmi nous.

Le P. Charlevoix rapporte « qu’un Iroquois, qu’on avait nommé la Plaque, célèbre par sa bravoure, vécut plusieurs années avec les Français, et que, pour le fixer, on le fit même lieutenant dans nos troupes ; que cependant il n’y put tenir, et qu’il retourna dans sa nation, n’emportant de nous que nos vices, et n’ayant corrigé aucun de ceux qu’il y avait