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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/71

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sorte d’honneurs : je les trouvai sous les armes avec leurs plaids, leurs sabres, leurs boucliers et leurs mousquets. En reconnaissance, je me fis habiller à leur mode, et je gardai cette parure pendant quelques jours que je passai avec eux. Ensuite, étant retourné à l’île Saint-Simon, j’y pressai si vivement le travail, que, dans l’espace de six semaines, j’eus la satisfaction de voir le fort achevé, et trente-sept maisons régulièrement bâties. Le fort fut nommé Frederica. La ville est derrière, dans un territoire commode, dont j’avais fait la division ; et je mis chacun en possession de son terrain, pour y bâtir et l’améliorer à son gré. Tout ce qui avait été déjà semé et planté dans les terres voisines fut déclaré commun pour l’utilité publique.

» Quelques jours après mon arrivée dans l’île Saint-Simon, le mico Tomokichi et son neveu, escortés d’un grand nombre d’Indiens, m’apportèrent une provision de chair de daims et d’autres bêtes fauves, qui répandit l’abondance dans la colonie. Ils me dirent que leur dessein était d’aller à la chasse du buffle jusqu’aux frontières espagnoles ; mais, jugeant qu’ils cherchaient l’occasion de tomber sur les gardes d’Espagne, que notre faiblesse nous oblige de ménager, je leur fis suspendre leur projet en leur disant que je voulais être de cette expédition. Le lendemain, ils me conduisirent dans une île à l’embouchure du détroit de Jekil, où, remarquant un terrain élevé qui commande la rivière, je laissai un détachement