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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/128

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gonniers s’élevaient et fleurissaient tout autour : près de cette cabane il y en avait une autre où étaient des alimens pour la divinité (Eatoua), et un pieu planté en terre, sur lequel nous vîmes un oiseau mort enveloppé dans un morceau de natte. Au milieu de cette hutte adossée à une petite éminence, nous trouvâmes une femme assise dans l’attitude de la réflexion ; elle se leva à notre approche, et ne voulut pas nous permettre d’avancer vers elle. Nous lui offrîmes un petit présent ; mais elle refusa de le toucher : les naturels qui nous accompagnaient nous dirent qu’elle dépendait du moraï, et que le corps mort était celui d’une femme dont elle achevait peut-être les obsèques.

» Nous quittâmes ce lieu qui avait réellement quelque chose d’imposant, et qui semblait favorable aux méditations religieuses. Nous suivîmes le rivage jusqu’à une maison spacieuse, très-agréablement placée parmi des bocages de petits palmiers chargés de fruits. Deux ou trois poissons grillés, qu’un des Taïtiens nous avait vendus, calmèrent un peu notre appétit devenu très-vif depuis notre déjeuné. Plusieurs d’entre nous se baignèrent aussi dans la mer pour se rafraîchir davantage ; et ayant acheté quelques pièces d’étoffe de la fabrique du pays, ils s’en revêtirent à la mode de Taïti ; ce qui fit un plaisir infini aux insulaires.

» Notre promenade se prolongea au delà d’un autre moraï assez semblable au premier, jusqu’à une maison propre, où un homme très-gras,