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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/135

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insupportable pour nous, charma les oreilles du monarque et de ses sujets. La défiance qu’annonçaient les regards d’Ouahitoua à notre première entrevue s’était dissipée. Sa jeunesse et son bon caractère le portaient à une confiance sans bornes, et il commençait déjà à nous en donner des preuves. On ne retrouvait plus en lui la gravité et la morgue qu’il avait affectées. Quelques-unes de ses actions étaient même remarquables par leur puérilité : par exemple, il s’amusait à couper des bâtons en mille morceaux, et à abattre des plantations de bananiers avec une de nos haches.

» Le 24 août, dès le grand matin, nous mîmes en mer. Dès que nous fûmes au large, plusieurs pirogues nous suivirent chargées de cocos et d’autres fruits, et les Taïtiens qui les montaient ne nous quittèrent qu’après avoir vendu leurs cargaisons. Plutôt que de manquer la dernière occasion d’acquérir des marchandises d’Europe, ils nous donnèrent leurs fruits à très-bon marché. Le goût de la frivolité, si universel sur toute la terre, était alors si extravagant dans cette île, qu’un seul grain de verroterie suffisait pour payer une douzaine des plus beaux cocos, et on le préférait même à un clou. Les échanges se faisaient aussi avec plus de bonne foi. Les insulaires craignaient sans doute de rompre un commerce auquel ils mettaient un si grand intérêt.

» Les fruits que nous nous procurâmes dans cette baie contribuèrent beaucoup à rétablir