Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les malades de l’Aventure. Plusieurs de ceux qui auparavant ne pouvaient pas se remuer sans l’aide de quelqu’un marchaient déjà tout seuls. Au moment où nous mouillâmes, la Résolution n’avait qu’un scorbutique à bord.

» Tant de nouveaux objets, dit Forster, et le peu de temps qu’on nous donna pour les examiner, avaient produit en nous un étourdissement et une agitation continuels : enfin nous respirions un peu. Ce moment de repos était d’autant plus doux, que nous pûmes suivre avec moins de désordre les réflexions qui s’étaient offertes en foule à notre esprit durant la relâche. Un résultat qui ne variait jamais, c’est que cette île est un des pays les plus heureux de la terre. Les rochers de la Nouvelle-Zélande charmèrent d’abord nos yeux long-temps fatigués du spectacle de la mer, de la glace et du ciel ; mais nous fûmes bientôt détrompés, et nous nous formâmes une idée juste de cette contrée qui semble encore plongée dans le chaos. Taïti, au contraire, qui offre de loin une perspective agréable, et dont la beauté se développe à son approche, devint plus enchanteresse à mesure que nous faisions des excursions dans ses plaines. Le temps passé dans une longue traversée produisit sans doute de l’illusion les premiers jours ; mais tout servait à terre à confirmer les émotions délicieuses que nous communiqua le premier coup d’œil, quoique nous n’eussions pas encore trouvé autant de rafraîchissemens qu’à la Nouvelle-Zélande,