Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/167

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lui un de ses parens. Dès que les insulaires aperçurent leur chef bien-aimé absolument en mon pouvoir, ils poussèrent un grand cri. Ils témoignèrent une douleur inexprimable ; ils étaient tous inondés de larmes ; ils priaient, ils suppliaient, et même ils entreprirent de l’arracher par force du canot. Je joignis alors mes prières aux leurs, car je souffrais trop de les voir dans une si cruelle affliction. Tout fut inutile. Il insista pour que je vinsse à bord près de lui, et quand j’y fus, il ordonna de mettre au large. Sa sœur, avec un courage égal au sien, fut la seule personne qui ne s’opposa pas à son départ. Comme son intention était de courir avec nous après les voleurs, nous suivîmes la côte aussi loin que ce fut possible ; ensuite ayant débarqué, nous parcourûmes quelques milles dans l’intérieur des terres, le chef nous servant de guide, et interrogeant tous ceux qu’il rencontrait. Enfin, il s’arrêta à une maison au bord du chemin, fit apporter des cocos, et lorsque nous eûmes pris un léger rafraîchissement, il voulut aller plus loin. Je m’y opposai, croyant qu’il nous mènerait peut-être à l’extrémité de l’île : les bagatelles que nous redemandions ne valaient presque pas la peine d’être emportées, quand on nous les aurait rendues. Oréo allégua bien des raisons pour me persuader de continuer notre route ; il me dit que mon canot pourrait faire le tour des côtes et venir à notre rencontre, ou qu’une de ses pirogues nous ramènerait à notre vais-