Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/168

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seau, si je croyais que le chemin fût trop long pour retourner à pied. Mais j’étais décidé à m’en retourner, et il fut obligé de condescendre à ma volonté dès qu’il vit que je ne le suivrais pas davantage. Je le priai seulement d’envoyer quelqu’un des insulaires à la recherche de ce qu’on nous avait volé ; car je reconnus que les voleurs avaient tant d’avance sur nous, qu’en les suivant jusqu’aux cantons les plus éloignés de l’île, il nous eût été difficile même de les apercevoir. D’ailleurs, comme je me proposais d’appareiller le lendemain au matin, cet événement nous causait un grand préjudice, en arrêtant toute espèce de commerce : en effet, les insulaires étaient si effrayés, qu’aucun d’eux ne s’approchait de nous, excepté ceux qui accompagnaient Oréo. Il devenait donc encore plus nécessaire d’abandonner la poursuite, afin de rétablir les choses dans leur premier état. En arrivant à notre canot, nous y trouvâmes la sœur d’Oréo et plusieurs autres insulaires qui s’étaient rendus par terre à cet endroit. Sur-le-champ nous repartîmes pour le vaisseau, sans même dire à Oréo de nous accompagner. Il persista cependant à nous suivre, et il monta avec nous, en dépit de l’opposition et des prières des insulaires qui l’entouraient : sa sœur imita son exemple, et les larmes, les supplications de sa fille, âgée d’environ dix-huit ans, ne l’arrêtèrent point. Comme cette jeune personne, dans l’accès de sa douleur, se faisait des blessures à la tête avec des coquilles,