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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/169

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sa mère fut obligée de les lui arracher des mains. Oréo s’assit à notre table, et dîna de bon cœur ; sa sœur, suivant la coutume, ne mangea rien. Après dîné, je payai par mes libéralités la confiance qu’ils avaient eue en moi ; je les mis tous deux à terre, au milieu de plusieurs centaines de leurs sujets qui les attendaient pour les recevoir : un grand nombre embrassèrent Oréo avec des larmes de joie. Tout respirait alors le contentement et la paix ; le peuple accourait en foule de tous les cantons avec des cochons, des volailles et des fruits, de sorte que nous en remplîmes deux canots. Oréo lui-même m’offrit un très-gros cochon et une grande quantité de fruits. On nous rapporta la dague (la seule chose de valeur que M. Sparrman eût perdue) avec un pan de son habit, et on nous assura que nous recevrions le reste le lendemain : on avait volé aussi différens effets à quelques-uns de nos officiers qui étaient à la chasse, on les rapporta de la même manière.

» Ainsi finit cette journée tumultueuse dont j’ai parlé avec détail, parce qu’elle montre la confiance extrême que ce brave chef avait en nous : on a peut-être droit d’en conclure que l’amitié est sacrée parmi eux. Nous étions, Oréo et moi, de véritables amis ; nous avions accompli toutes les cérémonies en usage dans sa patrie ; il semblait croire que personne ne pouvait briser ce respectable lien. Il me parut que c’était là le grand argument qu’il employa