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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/170

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lorsque ses sujets voulaient l’empêcher d’entrer dans mon canot : « Oréo, leur disait-il (car c’est ainsi qu’il m’appelait toujours), et moi sommes amis ; je n’ai rien fait pour perdre son attachement, pourquoi n’irais-je pas avec lui ? » Nous pourrions cependant ne trouver aucun autre chef qui voulût agir de la même manière en pareille circonstance. Si l’on demande ce qu’il avait à craindre , je répondrai : Rien du tout ; car je ne voulais pas lui faire le moindre mal, ni le retenir un moment de plus qu’il ne le souhaiterait. Mais ses sujets et lui ne pouvaient pas le savoir : tout ce qu’ils voyaient, c’est que, dès qu’une fois il serait en mon pouvoir, toutes les forces de l’île ne suffiraient pas pour l’en arracher, et qu’ils seraient obligés de m’accorder pour sa rançon tout ce qu’il me plairait de leur demander. Ainsi ils avaient des motifs d’inquiétude sur sa sûreté et sur la leur.

» Le 7, de grand matin, tandis que les vaisseaux démarraient, j’allai, accompagné du capitaine Furneaux et de M. Forster, faire ma visite d’adieu à Oréo. Nous lui portâmes en présent des choses précieuses, et surtout utiles ; je lui laissai aussi la première inscription qu’il avait déjà si bien gardée, et j’y ajoutai quelques médailles avec une autre petite planche de cuivre, sur laquelle sont gravés ces mots : Les vaisseaux de sa majesté britannique, la Résolution et l’Aventure mouillèrent ici en septembre 1773. Je renfermai le tout dans un sac ; il me promit