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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/172

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fruits ; nous en aurions obtenu bien davantage si nous y étions restés plus long-temps.

» Avant de quitter cette île, le capitaine Furneaux consentit à recevoir à son bord un jeune homme nommé O-maï, natif d’Ouliétéa, où il avait eu quelques biens, dont les insulaires de Bolabola venaient de le déposséder. Je m’étonnai d’abord qu’il se chargeât de cet Indien, qui, n’étant distingué ni par sa naissance ni par son rang, ni remarquable par sa taille, sa figure et son teint, ne pouvait, suivant moi, donner une idée juste des habitans de ces îles heureuses[1] : car les personnes du premier rang sont beaucoup plus blanches et plus intelligentes, et ont communément un meilleur maintien que les classes moyennes du peuple. Cependant, depuis mon arrivée en Angleterre, j’ai été convaincu de mon erreur : car, excepté son teint (qui est d’une couleur plus foncée que celle des éris ou grands, qui, comme dans les autres pays, mènent une vie plus sensuelle, et sont moins exposés à la chaleur du soleil), je ne sais pas si tout autre homme de son île se serait mieux conduit étant avec nous. O-maï a du bon sens, de la pénétration, de l’esprit et des principes honnêtes : sa bonne conduite le rendait agréable à la meilleure compagnie de l’Angleterre, et un noble sentiment d’orgueil lui apprenait à éviter la société des personnes d’un rang inférieur. Il est dominé par des pas-

  1. Il était d’une grande taille, mais très-mince, et Forster observe qu’il avait les mains d’une petitesse remarquable.