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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/178

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naire. Sa corpulence, son teint, sa peau tatouée comme celle d’Orouhéra, annonçaient assez son rang ; car les grands de cette île vivent dans l’indolence et la sensualité, ainsi que ceux de Taïti. Mais il faut expliquer comment ces deux chefs, originaires de Bolabola, pouvaient avoir de l’autorité et des possessions à Ouliétéa. On lit, dans le premier Voyage du capitaine Cook, qu’O-pouny, roi de Bolabola, avait conquis les îles d’Ouliétéa et d’O-taha, que renferme un même récif, et Maouroua éloignée d’environ quinze lieues à l’ouest. Les guerriers qui servirent sous lui reçurent de très-vastes possessions pour leur récompense, et un grand nombre de ses sujets obtinrent des concessions de terre sur les îles conquises. O-ourou, roi d’Ouliétéa, fut cependant conservé sur le trône ; mais on borna son pouvoir au canton d’Opoa. O-pouny avait placé à O-taha un vice-roi nommé Boba, qui était son proche parent. La plupart des naturels des îles conquises étaient retirés à Houaheiné et à Taïti, aimant mieux subir un exil volontaire que de se soumettre au conquérant : ils espéraient délivrer un jour leur pays de l’oppression. Il paraît que ce motif engagea Topia et O-maï, originaires d’Ouliétéa, à s’embarquer sur des vaisseaux anglais : ils ont toujours témoigné l’un et l’autre le désir de se procurer une grande quantité d’armes à feu. Topia aurait peut-être exécuté son plan ; mais O-maï n’avait pas assez de capacité pour acquérir une