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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/179

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idée complète de nos guerres, et l’adapter ensuite à la position de ses compatriotes. Cependant le projet de soustraire son pays au joug du peuple de Bolabola remplissait tellement son esprit, qu’il a dit souvent en Anglerre que, si le capitaine Cook ne l’aidait pas dans son entreprise, il empêcherait ses compatriotes de lui fournir des rafraîchissemens : il médita cette vengeance jusqu’au moment de son départ ; on lui persuada alors d’adopter des principes plus pacifiques. Nous avons peine à concevoir quel motif porta O-pouny et ses sujets à devenir conquérans ; car, si on les en croit, leur île est aussi fertile et aussi riche que celles dont ils se sont emparés : l’ambition seule a pu les animer ; mais cette ambition s’accorde mal avec leur simplicité et leur caractère généreux. Il est douloureux de penser que les sociétés humaines les plus heureuses entraînent encore de grandes imperfections.

» Le lendemain au matin nous fîmes une visite en forme à Oréo, chef de cette partie de l’île ; nous portions avec nous des présens convenables. On ne nous assujettit à aucune cérémonie au débarquement ; on nous mena tout de suite près de lui. Il était assis dans sa maison près du bord de l’eau : il nous y reçut, ainsi que ses amis, avec une extrême cordialité. Il témoigna beaucoup de joie de revoir le capitaine Cook, et lui demanda la permission de changer de nom. C’est la plus grande marque d’amitié qu’ils puissent donner à un étranger.