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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/216

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taine limpide ou un ruisseau ; mais l’eau est la seule chose qui manque à cette île charmante. Je découvris à notre gauche une promenade couverte, qui menait à une autre prairie, à l’extrémité de laquelle nous aperçûmes un monticule et deux huttes. Des bambous plantés en terre à la distance d’un pied l’un de l’autre entouraient la colline ; on voyait sur le devant plusieurs casuarinas. Les naturels qui nous accompagnèrent ne voulaient point en approcher : après nous être avancés seuls, nous regardâmes avec beaucoup de peine dans les huttes, parce que l’extrémité du toit n’était pas à plus d’une palme du sol. L’une renfermait un cadavre qu’on y avait déposé depuis peu, l’autre était vide. Ainsi le casuarina désigne les cimetières à Middelbourg comme aux îles de la Société. Sa couleur gris-brun, ses branches longues et touffues, dont les feuilles minces et clair-semées se penchent tristement vers la terre, conviennent à ces lieux mélancoliques autant que le cyprès. Il est probable que les mêmes idées qui ont consacré le dernier arbre sur la tombe des morts dans une partie de l’ancien monde, engagent les habitans de ces régions à employer les premiers au même usage. La colline où se trouvaient les huttes était formée de fragmens de rocher de corail semblables au gravier, accumulés sans aucun ordre.

» En avançant un peu plus loin, nous vîmes des plantations aussi agréablement disposées,