Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très-minces, et les seconds d’un faible roseau, garnis de bois dur à la pointe. Quelques-unes de leurs piques ont plusieurs barbes, et elles doivent être fort dangereuses quand elles portent coup.

» Ils observent un singulier usage ; ils mettent sur leur tête tout ce qu’on leur donne ; nous pensâmes que c’est une manière de remercier. On les exerce à cette politesse dès l’enfance ; car, lorsque nous offrions quelque chose aux petits enfans, la mère élevait la main de l’enfant au-dessus de sa tête. Ils suivaient même cette coutume dans leurs échanges avec nous ; ils portaient toujours à leur tête ce que nous leur vendions, comme si nous le leur avions accordé pour rien ; quelquefois ils examinaient nos marchandises, et ils les rendaient si elles ne leur convenaient pas ; mais quand ils les portaient à leur tête, le marché était irrévocablement conclu. Très-souvent les femmes me prenaient la main, la baisaient et l’élevaient au-dessus de leur tête. Il s’ensuit de là que cette habitude, qu’ils appellent fagafati, a différens objets suivant les circonstances, mais que c’est toujours une marque de politesse.

» Nous avons observé qu’un petit doigt et souvent les deux manquaient à la plupart des hommes et des femmes : cette mutilation est commune à tous les rangs, à tous les âges et à tous les sexes : elle n’a pas lieu non plus à une époque fixe de la vie, car j’ai vu des jeunes et des vieux, etc., à qui on venait de la faire ;