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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/264

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mandaient sans cesse davantage, et nous montrions aux insulaires des pièces d’étoffes si précieuses pour eux, que sûrement elles excitaient leurs désirs. Il est vraisemblable que, dès que ces fantaisies s’emparent de l’esprit des Zélandais, ils pensent que le moyen le plus court de les satisfaire, est d’aller dépouiller leurs voisins de ces richesses recherchées par les étrangers. La grande quantité d’armes, d’ornemens et d’étoffes qu’ils étalèrent alors, semblait prouver qu’ils venaient d’exécuter l’infâme dessein dont je parle, et sûrement ils n’en était pas venus à bout sans verser du sang.

» En revenant des bois, mon père, dit Forster, fut témoin d’un fait qui prouve la férocité de mœurs de cette nation sauvage. Un petit garçon d’environ six ou sept ans demanda un morceau de pingouin grillé que sa mère tenait à la main ; comme elle ne le lui accorda pas tout de suite, il prit une grosse pierre qu’il lui jeta à la tête. La femme se mit en colère, et courut pour le châtier ; mais dès qu’elle lui eut donné le premier coup, son mari s’avança, la battit impitoyablement, la renversa à terre et la foula aux pieds, parce qu’elle avait voulu punir un enfant dénaturé. Ceux de nos gens qui remplissaient les futailles dirent à mon père qu’ils voyaient souvent de pareils exemples de cruauté, et surtout des fils qui frappaient leur mère, tandis que le père la guettait pour la battre, si elle entreprenait de se défendre ou de châtier son enfant. Le sexe le