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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/265

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plus faible est maltraité chez toutes les nations sauvages ; on n’y connaît d’autre loi que celle du plus fort. Les femmes sont des esclaves qui font tous les travaux, et sur lesquelles se déploie toute la sévérité du mari. Il semble que les Zélandais portent cette tyrannie à l’excès : on apprend aux garçons, dès leur bas âge, à mépriser leur mère.

» Quelques officiers descendus à terre pour s’amuser avec les habitans virent au milieu de la plage la tête et les entrailles d’un jeune homme tué depuis peu, et le cœur, enfilé à un bâton fourchu, arboré à l’avant d’une de leurs grandes pirogues.

» M. Pickersgill acheta la tête pour un clou : elle a été déposée à Londres dans le cabinet de Hunter, célèbre anatomiste, et membre de la Société royale. Les Zélandais qui vinrent à bord tandis que tout l’équipage examinait cette tête, témoignèrent un grand désir de l’avoir ; ils firent remarquer par des signes très-clairs qu’elle était délicieuse : on ne jugea pas à propos de la leur accorder ; mais on consentit à leur couper un morceau de la joue ; ils en parurent fort satisfaits, et nous prièrent de le cuire : on le grilla, et ils le mangèrent en présence de tout le monde.

» À la vue de cette tête sanglante, et en apprenant l’affreuse scène qui venait de se passer, dit Cook, je fus d’abord pénétré d’horreur et d’indignation contre ces cannibales. Mais, considérant que c’était un mal sans re-