Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

morceau de chair, et ne voulut point accepter le couteau qui avait servi à cette opération.

» Il se retira dans la grand’chambre, et là il se livra à tout l’accablement et à tout le désordre de sa douleur. J’allai l’y voir, et je le trouvai entièrement baigné de larmes ; il me parla beaucoup de l’affliction des parens infortunés de la victime qu’il avait vu manger. Cette preuve nous donna la meilleure opinion de son cœur. Son trouble dura plusieurs heures, et dans la suite il ne nous a jamais entretenus sur ce sujet sans émotion.

» Il fut impossible de découvrir la cause qui avait porté les Zélandais à cette expédition ; tout ce qu’on put découvrir, c’est qu’ils étaient allés à la baie de l’Amirauté, et que là ils s’étaient battus contre leurs ennemis, dont plusieurs restèrent sur la place. Ils disaient en avoir tué cinquante, ce qui n’est guère probable, puisque eux-mêmes ne formaient pas un corps plus nombreux.

» Que les habitans de la Nouvelle-Zélande soient anthropophages, c’est donc un fait qu’il n’est plus permis de révoquer en doute. J’avais cité dans mon premier voyage, dit Cook, des détails assez circonstanciés de cette coutume ; mais j’ai appris depuis qu’ils avaient été regardés comme douteux par plusieurs personnes qui sans doute n’ont jamais sérieusement réfléchi sur l’état de l’homme sauvage, ou même de l’homme un peu civilisé. Les Nouveaux-Zélandais ne sont plus dans la première barba-