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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/268

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rie. Leur conduite envers nous était courageuse et douce ; ils montraient de l’empressement à nous obliger dans toutes les occasions. Ils ont parmi eux des arts qui supposent beaucoup de jugement et une patience infatigable, et sont généralement moins enclins au vol que les autres insulaires du grand Océan. Je crois que ceux d’une même tribu, ainsi que les tribus qui sont en paix, se comportent humainement entre eux et vivent en bonne intelligence. La coutume de manger leurs ennemis tués dans un combat (car je suis persuadé qu’ils n’en mangent point d’autres), est indubitablement de toute antiquité ; et chacun sait que ce n’est pas une chose aisée de faire renoncer une nation à ses anciens usages, quelque atroces et quelque sauvages qu’ils puissent être, particulièrement si cette nation n’a aucun commerce avec d’autres peuples. Ce n’est que par l’effet de communications mutuelles que la plus grande partie du genre humain s’est civilisée ; et les habitans de la Nouvelle-Zélande sont privés de ces avantages par leur position. Le commerce des étrangers adoucirait leurs mœurs et polirait leur esprit farouche ; ou même, s’ils étaient réunis sous une forme fixe de gouvernement, ils auraient moins d’ennemis, et conséquemment cet usage, moins pratiqué, pourrait s’abolir avec le temps. Ils ont maintenant peu d’idées de cette première maxime de la loi naturelle, traite les autres comme tu voudrais être traité toi-même ; ils les traitent