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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/289

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geai de direction, et je gouvernai sud-est avec un vent frais d’ouest-sud-ouest.

» Je fis route plus au sud jusqu’au soir du 31 que notre latitude fut de 53° sud, et notre longitude de 118° 3′ ouest. Le vent soufflait alors violemment du nord-ouest, avec une brume épaisse et de la pluie ; ce qui rendait dangereuse une navigation au large : je me rapprochai donc du sud-ouest, et je continuai cette route jusqu’à midi du lendemain.

» Le 14, ajoute Forster, une lame énorme frappa le vaisseau et inonda les ponts. L’eau de la mer retombait par-dessus nos têtes, et éteignait nos lumières, de sorte que nous croyions quelquefois être engloutis et tomber dans l’abîme. Tout était à flot dans les cabanes ; notre situation était des plus tristes, même pour ceux qui avaient conservé leur santé, et insupportable pour les malades, à qui leurs membres perclus causaient des douleurs excessives. L’aspect de l’Océan était épouvantable ; on eût dit qu’il se mettait en colère de ce que de présomptueux mortels osaient pénétrer si loin. Tout portait l’empreinte de la tristesse ; un silence affreux régnait autour de nous. Ceux mêmes qui étaient accoutumés à la mer depuis leur enfance avaient du dégoût pour les nourritures salées : l’approche de l’heure du dîner nous faisait de la peine ; et dès que l’odeur des alimens frappait nos sens, il nous était impossible d’en manger.

» Ce voyage ne peut être comparé à aucun