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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/295

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heures, nous dépassâmes une île de glace, qui n’avait pas moins de trois ou quatre mille de circonférence. On en voyait plusieurs autres à l’avant. Le temps, devenant brumeux, je serrai le vent au nord ; mais en moins de deux heures le ciel s’éclaircit et je remis le cap au sud.

» Le 30, à quatre heures du matin, nous observâmes que les nuages au-dessus de l’horizon au sud étaient d’une blancheur de neige extraordinairement brillante. Nous savions que cet indice annonçait une plaine de glace : bientôt on la découvrit du haut des mâts ; et à huit heures nous étions près de ses bords ; elle s’étendait à l’est et à l’ouest, fort au-delà de la portée de notre vue ; et dans la position où nous étions, la moitié méridionale de notre horizon était éclairée par les rayons de lumière qu’elle réfléchissait jusqu’à une hauteur considérable. Je comptai distinctement en dedans de la plaine quatre-vingt-dix-sept montagnes de glace, outre celles qui étaient en dehors, la plupart très-grandes ; elles ressemblaient à une chaîne dont les sommets s’élèvent les uns sur les autres et se perdent dans les nues. Le bord extérieur ou septentrional de cette immense plaine était composé de glaces flottantes ou brisées, empilées et serrées les unes contre les autres de manière qu’aucun corps ne pouvait y pénétrer ; cette bordure avait environ un mille de large : par-derrière, la glace solide ne formait plus qu’une seule masse très-compacte