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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/31

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Je montai sur la pierre la plus élevée devant le bassin ; et, regardant au-dessous, je remarquai un superbe arc-en-ciel d’une forme parfaitement circulaire, causé par les rayons du soleil réfractés dans la vapeur de la cascade. Au delà de ce cercle, le reste du brouillard était teint de couleur prismatiques réfractées dans un ordre inverse. À gauche, on voit des rochers escarpés et bruns, dont le sommet est couronné d’arbres et d’arbrisseaux pendans ; et à droite un tas prodigieux de grosses pierres, que la force du torrent avait probablement arrachées de la montagne. De là s’élève un banc incliné, haut d’environ deux cents pieds, sur lequel est placé un rempart perpendiculaire de soixante-quinze pieds, surmonté de verdure et de feuillages. Plus loin, à droite, les rochers brisés sont revêtus de mousses, de fougères, d’herbes et de fleurs : les deux côtés du ruisseau sont couverts d’arbrisseaux et d’arbres qui s’élèvent jusqu’à quarante pieds. Le bruit de la cascade est si fort, et les échos voisins le répètent si constamment, qu’il étouffe presque tout autre son : les oiseaux paraissaient s’en écarter un peu ; dans le lointain, le chant aigu des uns, les accens plus graves, ou la mélodie enchanteresse des autres, résonnaient de toutes parts, et ajoutaient encore aux charmes de cette scène pittoresque. En jetant les regards autour de soi, on découvre une vaste baie jonchée de petites îles, embellies par de grands arbres : au delà on aperçoit d’un côté des