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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/314

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ces de long, tenait à un collier et tombait sur sa poitrine. Il nous dit que c’était un os de marsoin (ivi-toharra), et il se servait précisément des mêmes mots qu’aurait employés un Taïtien. Afin de se faire mieux entendre, il lui donna aussi le nom d’ivi-ieka ; nous reconnûmes que ces mots signifiaient l’os d’un poisson[1].

» Le maître nous raconta que dès que l’Indien se fut assis dans la chaloupe il se plaignit du froid, et qu’il fit des gestes très-intelligibles ; on lui donna une veste ; on lui mit un chapeau sur la tête : ce fut dans cet équipage qu’il parut sur le pont. Nous lui offrîmes des clous, des médailles et des cordons de verroterie ; il nous pria de lui attacher ces derniers autour du front. Il montra d’abord de la crainte et de la défiance, et demanda si nous le tuerions comme un ennemi (matté-toa). Mais quand nous l’eûmes assuré qu’on le traiterait fort amicalement, il se crut en sûreté, et au lieu de témoigner de l’inquiétude, il ne parla que de danser (héva). Nous eûmes peine à le deviner au premier moment ; mais après lui avoir fait nommer différentes parties du corps, nous reconnûmes bientôt que son langage approchait de celui des îles de la Société. Lorsque nous prononcions un mot qu’il n’entendait pas, il le répétait plusieurs fois, avec des regards qui exprimaient fortement son ignorance. À l’ap-

  1. Ieya à Taïti, et Iké à la Nouvelle-Zélande et aux îles des Amis, signifient un poisson.