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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/40

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la quitta, et vint à ma rencontre, ayant à sa main une plante, dont il me donna à tenir une extrémité tandis qu'il tenait l'autre ; et dans cette position il commerça une harangue dont je ne compris pas un mot : il fit de longues pauses pour me laisser, à ce que je crus, le temps de répondre, car, dès que j’avais prononcé quelques mots, il continuait. Quand cette cérémonie peu longue fut finie, nous nous saluâmes l’un l’autre. Il ôta ensuite son hahou ou vêtement, il me le mit sur le dos, et la paix sembla alors fermement établie. Mes camarades vinrent auprès de moi sans causer aucune alarme aux deux Zélandais, qui au contraire saluèrent chacun d’eux à mesure qu’il arrivait.

» Leurs traits étaient un peu sauvages, mais assez réguliers : leur teint brun ressemblait d’ailleurs à celui des autres insulaires que nous avions déjà vus ; ils avaient les cheveux touffus, la barbe frisée et noire. Leur stature, quoique moyenne, annonçait la force ; leurs jambes et leurs cuisses étaient très-minces, et leurs genoux trop gros. On doit être frappé de leur courage ; car, malgré leur infériorité, ils ne se cachèrent point, quoiqu’ils ne connussent ni nos dispositions ni notre caractère. Parmi tant d’îles, de havres et de forêts, il nous aurait été impossible de découvrir la première famille que nous vîmes, si elle ne s’était pas montrée elle-même la première. Ils n’essayèrent point de tomber sur nous à l’improviste ; jamais ils ne nous attaquèrent, et cependant