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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/41

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ils en eurent souvent l’occasion, quand nous nous dispersions en petites troupes au milieu des bois. Ils nous donnèrent des exemples remarquables de courage. Le Zélandais qui vint près de nous avec la jeune femme, ayant vu tirer plusieurs coups de fusil, désira de tirer aussi, et nous y consentîmes volontiers. La jeune femme, que nous regardions comme sa fille, se jeta à terre devant lui, et le supplia, tout effrayée, de renoncer à cette entreprise ; mais il fut inexorable ; il tira un premier coup de fusil, et ensuite plusieurs autres avec beaucoup de fermeté.

» Comme je n’avais rien autre chose, je donnai un couteau et une hache à chacun de ces deux Indiens : c’était peut-être ce que je pouvais leur offrir de plus précieux : c’était du moins ce qu’il y avait pour eux de plus utile. Ils désiraient nous conduire à leur habitation, et ils nous dirent qu’ils nous présenteraient quelques alimens ; je fus fâché que la marée et d’autres circonstances ne me permissent pas d’accepter leur invitation. Nous aperçûmes d’autres insulaires sur les bords du bois, mais ils se tinrent éloignés de nous : c’étaient probablement leurs femmes et leurs enfans. Quand je les quittai, ils nous suivirent à notre chaloupe ; voyant les fusils couchés sur l’arrière, ils firent signe de les ôter : on leur accorda ce qu’ils désiraient : ils s’approcheront alors, et nous aidèrent à mettre en mer. Ils ne cherchèrent point à les toucher ; ils les avaient vus tuer